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Un concept de restaurant sans personnel

L’entreprise Village Fani lance un concept inédit d’espace de restauration sans réception, à Massiac, dans le Cantal : le restaurant H24.

“Je suis très souvent à la réception à Massiac. Et je ne compte plus les fois où j’ai eu des clients qui, en arrivant tard, me demandaient si je n’avais pas quelque chose à manger, même un bout de pain. Pour eux, il nous fallait une solution. Et on avait cet espace, l’ancien bar, qui ne servait à rien, on en avait fait un bureau. Alors on a commencé à réfléchir” explique Christine Boyer-Hajfani. Partant de ce constat, elle et son époux, à la tête de l’entreprise Village Fani, ont trouvé une solution que ce dernier présente comme “inédite en France”.

Des plats cuisinés par un chef, disponibles 24h/24

Ainsi, à toute heure du jour comme de la nuit, on peut passer la porte du bar de l’hôtel de la poste, en plein cœur de Massiac, qu’ils ont repris en 2021. Là, plusieurs plats sont proposés, dans un distributeur. Un micro-ondes sert à les réchauffer, et les clients peuvent s’attabler. Ils sont ensuite invités à trier leurs déchets, et à déposer leurs plateaux dans des bacs réfrigérés. Mais si tout est automatisé, et déshumanisé, les plats sont réellement cuisinés. Par François Cherbetian, chef historique des lieux.

“Si c’était pour envoyer du décongelé sous cellophane, ça ne servirait à rien, lance Abdou Hajfani. L’idée, c’est de pouvoir servir un vrai repas.

Face aux difficultés de recrutement

“Ainsi, on répond à deux problématiques. D’une, de pouvoir servir tout le monde, selon les besoins. Massiac, c’est un village étape, il y a l’A75 à côté. Donc on voit passer des Espagnols qui veulent déjeuner à 15 heures, des Hollandais qui veulent dîner à 17 heures. Et des gens en panne, qui peuvent avoir envie de manger à tout heure. Jusqu’ici, il n’y avait rien pour les satisfaire. Voilà ce qu’on leur propose, une alternative à la restauration. Et puis, cela résout notre problématique de recrutement. Parce qu’aujourd’hui, on n’arrive plus à trouver du personnel, donc il faut en passer par ce genre de solutions.”

Un constat partagé par Thierry Perbet, président départemental de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, qui voit d’un bon œil cet espace, qui pourrait ne pas faire l’unanimité dans le monde de la restauration, sous ses atours d’uberisation. “Un concept comme celui-ci est innovant, et répond à une demande dans un village étape comme Massiac, expliquait-il lors de l’inauguration. Je ne peux donc que le saluer. Car c’est une réalité, après 20 h 30, on ne peut plus manger dans la majeure partie du département. Parce qu’aujourd’hui, 200 offres d’emploi sont à pourvoir dans le Cantal, et les jobs dating qu’on peut organiser avec Pole Emploi ne suffisent pas à les pourvoir. En plus, tous les plats proposés sont traduits en Anglais, alors qu’on nous reproche assez de ne parler que Français.”

Le Cantal mis en avant

Mais l’espace ne s’adresse pas qu’aux touristes, comme le détaille Christine Boyer-Hajfani : “notre côté traiteur reste là. Il est donc possible de commander un plat en nombre quand on l’aime bien, de réserver une partie de l’espace pour un déjeuner de groupe, on veut vraiment s’adapter aux besoins des clients. Et leur apporter du confort, il y a donc des vrais assiettes, couverts, verres.” Et même des boissons alcoolisées, uniquement disponibles après avoir commandé à manger.
Côté menu, la carte sera renouvelée tous les quinze jours. Et si la première affichait des coquilles Saint-Jacques, du couscous et du saumon, Abdou Hajfani avance “vouloir faire travailler au maximum les locaux, on joue la carte du circuit court, et du terroir, comme on affiche l’identité Cantal dans le nom de tous nos établissements du département. Et comme on va proposer, dans nos chambres, des écrans connectés qui donnent les informations touristiques locales. On ne veut pas remplacer les offices du tourisme, chacun son métier, mais on veut promouvoir l’endroit, et donner envie aux gens de rester.”

Prototype

Reste un écueil à régler : “comme on utilise des micro-ondes, on ne peut pas servir de plat croustillant, sous peine que ça les ramollisse. La technique existe pour les professionnels, avec des fours spéciaux, mais on ne peut pas encore la proposer au grand public, c’est trop compliqué. Mais on y travaille. Cet espace est novateur, presque expérimental, il pourra encore s’améliorer, c’est le début de quelque chose.”

Source: Lamontagne.fr