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Restauration : l’activité repasse dans le vert pour la première fois depuis 2020

La restauration sur place est notamment à son plus haut niveau de fréquentation

depuis le début de la crise du Covid-19.

Après plus de deux ans de difficultés, la restauration sort enfin la tête de l’eau. L’activité du secteur est repassée dans le vert en mai, selon l’analyse de Food Service Vision, «pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire», début 2020. Elle a progressé de 4% en valeur le mois dernier par rapport à mai 2019, indique la dernière «Revue stratégique» du cabinet de conseil et d’étude spécialisé dans la consommation hors domicile, qui vient d’être réalisée.

Un chiffre qui monte à +7% pour la seule restauration commerciale. La restauration collective, c’est-à-dire les cantines et autres selfs, «demeure encore en retrait», note Food Service Vision. «Principalement sous l’effet du télétravail», commente François Blouin, président-fondateur du cabinet. De leur côté, les commerces alimentaires (boulangeries, pâtisseries, bouchers-traiteurs…), qui avaient déjà bien résisté pendant la crise sanitaire, «poursuivent leur dynamique positive avec une croissance de 12 % en mai».

Cette reprise de l’activité, François Blouin l’explique par un ensemble de facteurs. D’une part, «les gens sont de retour au restaurant, puisque 96% des Français qui fréquentaient un restaurant avant la crise sanitaire y sont revenus sur la période février-mai, soit le niveau le plus haut jamais connu», indique l’expert.

Levée des restrictions et météo favorable

À cela s’ajoute «le moteur plaisir» : «malgré la guerre en Ukraine et la crise politique, les consommateurs ont envie de retrouver de la convivialité, de l’échange, ce qui a profité à la restauration à table et aux bars». La restauration sur place est à son plus haut niveau de fréquentation depuis le début de la crise sanitaire : 84% en mai, contre par exemple 68% en février. «Cela vient se cumuler à une consommation en vente à emporter et en livraison qui s’installe, après s’être fortement développée pendant la crise», ajoute François Blouin, qui souligne par ailleurs le rôle du redémarrage du tourisme européen et nord-américain dans la reprise.

« On voit que les actifs recourent davantage à la gamelle, la lunch box, bref le repas préparé chez eux ou acheté en grande distribution. »

François Blouin, président-fondateur du cabinet Food Service Vision

Le contexte propice n’y est pas pour rien dans ces phénomènes. Le cabinet cite dans son rapport la levée des restrictions sanitaires liées au Covid-19, le retour à la normale pour les salons et les foires, ou encore la météo favorable et le bilan positif des vacances de Pâques.

Du côté de la consommation sur le lieu de travail, celle-ci bénéficie du «retour des actifs au bureau» (91% en mai 2022, contre
83% un an auparavant). Les dernières données de la Dares, en date de mars, indiquaient que la part de télétravailleurs avait encore baissé et retrouvé ce mois-là un niveau proche de celui de novembre 2021.

Une hausse des coûts répercutée sur les menus

Pour ce type de consommation, «on voit que les actifs recourent davantage à la gamelle, la lunch box, bref le repas préparé chez eux ou acheté en grande distribution», note François Blouin. Près de six repas sur dix sont aujourd’hui achetés en grande surface ou préparés à la maison, contre cinq sur dix il y a trois mois, rapporte l’étude de Food Service Vision. Une évolution «due à l’inquiétude sur le pouvoir d’achat», estime François Blouin, dans un contexte fortement inflationniste. L’augmentation du niveau des prix a atteint +5,2% sur un an en mai, selon l’Insee.

Pour la seule alimentation, la hausse s’élève à +4,2%. Soit la même proportion que celle appliquée par les restaurateurs indépendants sur leur carte depuis février, selon une enquête menée par le GNI (Groupement National des Indépendants) et Food Service Vision.

Une augmentation «modérée», juge François Blouin, au regard des hausses de coûts que subit la restauration. Les augmentations sont particulièrement importantes pour certains produits, notamment la moutarde (+23,9% sur le deuxième trimestre), la viande de bœuf (+28,2%) ou encore les frites (+14,6%). Ainsi, le coût des matières pour un fast-food a par exemple augmenté de 20% entre octobre 2021 et avril 2022, et de 9% pour une pizzeria.

Si l’été s’annonce radieux pour le secteur, selon François Blouin, en raison de signaux positifs sur la saison touristique à venir, «la grande inconnue porte sur la rentrée», juge-t-il. «Nous allons cumuler l’inflation qui aura encore monté, une incertitude politique qui pèsera sur les décisions et la dynamique économique, et nous sentirons encore les conséquences de la crise chinoise et de la guerre en Ukraine», liste-t-il. Sans compter la menace d’une nouvelle vague du Covid-19 potentiellement causée par ses nouveaux variants.

Source: Le Figaro

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