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Cuisine: la frite vient-elle de France ou de Belgique ?

Cela fait maintenant une vingtaine d’années que la Belgique revendique avec de plus en plus d’insistance la paternité de la pomme de terre frite. La frite est-elle bien d’origine belge ? Ou est-ce un mythe ?

Fake news…

C’est l’historien belge Jo Gérard qui, au cours de ses recherches sur les Pays-Bas autrichiens, est tombé par hasard sur un manuscrit de 1781, dans lequel on raconte que les habitants de Namur et des alentours font frire des pommes de terre en forme de petits poissons. Il en a donc conclu que les Belges avaient inventé la frite. Cette conclusion a d’ailleurs été publiée en décembre 1984 dans la revue Belga 2000.

Mais en réalité, ce texte parle de tranches fines de pommes de terre mises à frire dans un tout petit peu de graisse, comme il en existe un peu partout ailleurs en Europe. Il ne s’agit donc pas de nos pommes de terre frites, qui sont des bâtonnets plongés dans un bain de friture. 

Aujourd’hui, la culture de la frite est typiquement belge et il paraît donc logique que l’origine de la frite soit également belge. On fait ainsi la confusion entre culture et origine. Et comme l’histoire de Jo Gérard est le principal argument en faveur de la paternité belge de la frite, on l’a ressassée depuis 35 ans, si bien qu’elle a fini par rentrer dans l’inconscient collectif.

Mais alors, d’où vient-elle ?

En fait, la frite est d’origine parisienne. Dans les années 1780, des vendeuses de beignets frits s’installent sur le Pont Neuf à Paris. Elles auraient été les premières à avoir l’idée de plonger des tranches de pommes de terre dans une friture, probablement aux environs de 1800. Au début du 19e siècle, elles en vendent sur le Pont neuf, sur les quais de la Seine, Boulevard du Temple et aux alentours des théâtres.

Dans les années 1830, la pomme de terre frite devient le symbole de la cuisine populaire parisienne. Elle devient identitaire et figure dans toutes les pièces de théâtre, les romans, les chansons se rapportant au peuple parisien. On peut dire que les frites sont nées à ce moment-là. La frite en forme de bâtonnet apparaît, toujours à Paris, au plus tard en 1840.

L’arrivée en Belgique

Vers 1842, un immigré bavarois, Frederik Krieger, apprend à confectionner des frites à Montmartre. En 1844, il s’installe comme forain en Belgique et ouvre la première baraque à frites du pays, en vantant “ses pommes de terre frites à l’instar de Paris”. Les Belges découvrent alors la frite et l’accueillent avec bienveillance. Frederik Krieger fait fortune et inspire nombre d’émules.

Quelques dizaines d’années plus tard, on constate que la frite belge s’émancipe de la tutelle parisienne et que les Belges forgent leur propre culture de la frite, avec l’adoption du moule-frites, la généralisation de la double cuisson et l’accompagnement de la mayonnaise.

Un mets identitaire belge

Alors que la frite déserte progressivement les rues de Paris, elle s’impose comme un mets identitaire en Belgique et dans le Nord de la France. Dans les années 70, les Français, et Coluche en particulier, vont même jusqu’à se moquer des Belges mangeurs de frites, ce qui a le don de nous énerver.

Malgré tout, les Belges parviennent à retourner la situation en leur faveur. Non seulement ils valorisent le patrimoine de la frite belge, mais en plus ils en revendiquent la paternité, ce qui cette fois a le don d’énerver les Français. 

Bref, même si la culture de la frite est aujourd’hui typiquement belge, c’est bien à Paris qu’elles sont apparues et qu’elles ont prospéré, avant de migrer en Belgique !

Source: RTBF

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