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Connaissez vous l’histoire de l’hôtellerie ?

La naissance de l’hôtellerie et son histoire

Hôtellerie durant l’Antiquité

L’économiste spécialisé dans l’hôtellerie Jean-Christophe Lefevre, auteur d’une Histoire de l’hôtellerie, suppose que l’activité hôtelière débute avec l’apparition des premières cités de Mésopotamie. Si l’existence de tavernes est prouvée, notamment avec le règlement sur la bière indiqué dans le Code de Hammurabi, ces traces permettent d’imaginer qu’elles offraient probablement une forme d’hébergement pour les marchands de passage.

Dans l’Empire romain, on distingue deux types d’hôtellerie. Il existe les mansions, des hôtels impériaux, dans lesquels on trouve chevaux de poste, un gîte, à boire et à manger. On y trouve des voyageurs et des soldats, mais tous ne pouvaient intégrer l’établissement. En parallèle, il existe les diversorium ou auberges publiques.

Hôtellerie au Moyen Âge

Lors de la diffusion du christianisme en Occident chrétien et sur les routes de pèlerinage, le clergé a joué un rôle majeur dans l’accueil des différents voyageurs. Ils sont composés de marchands ou de pèlerins, d’étudiants ou de messagers quand ce ne sont pas des troupes militaires en campagne. Jean-Louis Picherit, dans un article consacré à la période, distingue deux types d’hospitalités offertes : celle institutionnelle de l’Église, à travers l’hospitalité des monastères, ermitages ou hôpitaux, et l’offre laïque qui pouvait être simplement soit volontaire ou non marchande, soit commerciale. On trouve ainsi dans les documents de la période l’expression « prendre ostel », qui signifie « se loger ». L’ostel en ancien français renvoie à la tradition d’hospitalité, puis qui prendra le sens de « logis d’étape, un lieu d’hébergement provisoire, une demeure accueillante ». Qu’il s’agisse d’un hébergement privé (chez l’habitant) ou commercial (hôtellerie, auberge), les deux types sont souvent confondus dans la littérature médiévale, le voyageur dédommage son hôte. Il semble d’ailleurs que la tradition de l’hospitalité connaît un recul à partir des XIVe et XVe siècles au profit des structures commerciales que sont les hôtelleries et les auberges.

À l’origine, l’hospitalité est un geste gratuit, celui d’accueillir l’Autre. Toutefois à partir de l’Antiquité, il devient l’usage de payer une contribution contre le gîte et le couvert, une « hospitalité payante ». Toutefois, certains lieux perdurent la tradition en offrant une hospitalité gratuite, comme « [les] caravansérails, [les] auberges synagogues juives [ou encore les] xénodoques (« lieu pour étrangers, auberge ») ». C’est le cas aussi de certains lieux dans l’Occident médiéval qui accueillent les pèlerins ou encore des compagnons.

Hôtellerie et prémices du tourisme (XVIIe – XVIIIe siècle)

L’offre va connaître une évolution notamment avec l’amélioration des voies carrossables puis l’apparition de la diligence aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette révolution des transports permet ainsi à un plus grand nombre de voyager, ainsi que gagner du temps sur les trajets et une baisse des coûts. L’économiste Jean-Christophe Lefevre cite ainsi le constat de l’historienne Lucette Fontaine-Bayer pour laquelle ces évolutions permettent aux auberges de prendre une nouvelle dimension dans ces échanges. Selon l’économiste, l’implantation des maîtres des postes et de leurs auberges donne naissance à ce qu’on pourrait rapprocher d’une « chaîne hôtelière ». Le constat semble que toutefois l’activité hôtelière de cette période reste une activité secondaire des artisans en raison des risques financiers d’une spécialisation.

L’hôtellerie connaît une nouvelle évolution avec les prémices du tourisme moderne. Notamment avec le développement du Grand Tour, ce long voyage que la jeunesse aristocratique ou de la haute-bourgeoisie anglaise puis européenne pratique, à partir du XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle, durant leurs études ou à la fin de leur formation afin de parfaire leur éducation de « compleat gentleman ». Une littérature et des guides, guides apparus dès le XVIe siècle, font également leur apparition pour accompagner ces nouveaux voyageurs.

Hôtellerie du XIXe siècle jusqu’en 1945

Le processus d’industrialisation au cours du XIXe siècle en Europe, puis peu à peu sur les autres continents (Amérique du Nord, Asie de l’Est), s’accompagne là encore d’une mutation des transports qui auront également une influence sur le développement et la mutation de l’hôtellerie. Cette dernière s’adapte à l’accroissement des échanges et la mobilité humaine dans les villes ou les gros bourgs. Les auberges font place petit à petit aux hôtels et à une professionnalisation de plus en plus importante. L’hôtellerie se transforme pour accueillir une clientèle plus fortunée.

Les premiers grands hôtels apparaissent jusqu’à l’émergence d’établissements plus importants les « hôtels monstres » à Londres, Paris ou New-York. Ces hôtels accueillent une clientèle nombreuse et fait appel à de nombreux employés. L’ouvrage Du palais au palace (1998) donne un extrait d’une impression à propos d’un de ces établissements parisiens : « Il faut venir à Paris pour avoir une idée de ce mouvement extraordinaire d’un hôtel monstre, où non seulement huit cents voyageurs, mais encore autant d’employés de tout ordre sont logés avec aisance, où tout fonctionne avec une précision mathématique ». Avec la naissance des grands hôtels, les auberges perdent la domination du marché de l’hébergement dans les villes. L’époque est, par ailleurs, à la découverte des littoraux et la naissance des premières stations balnéaires où l’on implante sur le modèle urbain les grands hôtels de luxe et au palaces.

L’hôtellerie de luxe prend naissance dans ce monde en phase de modernisation. Alors que l’auberge accueille l’ensemble des différentes clientèles, avec cependant une distinction dans les conditions de logements, les nouveaux hôtels en ville proposent un nouveau concept, appliquant en cela une forme de discrimination sociale, en destinant leurs services aux élites bourgeoises et aristocratiques, c’est la naissance du Grand Hôtel. À cette expression, on voit l’émergence d’autres termes synonymes d’hôtels de luxe que sont les « Hôtels Palais », « Palace Hôtel », ou encore « Palace ». L’auberge était traditionnellement un lieu d’étape pour un voyageur itinérant, l’hôtel donne naissance à une nouvelle forme en devenant un lieu de villégiature. Par ailleurs, cet hôtel offre des services et notamment des espaces détentes dont ne disposaient pas les auberges : le bar ou le fumoir, une salle de billard, un salon. Les équipements font aussi partie intégrante de ces établissements avec l’utilisation d’ascenseurs, de salles de bains associés à une architecture spécifique et une cuisine avec un grand chef, comme Auguste Escoffier notamment au Ritz Paris. Ces hôtels possèdent par ailleurs une architecture spécifique et remarquable, tournés pour que les clients puissent admirer le paysage lorsqu’ils sont installés en bordure de mer ou de lac, en Amérique du Nord, sur la Côte d’Azur ou aux bords des lacs suisses, mais également pour s’intégrer à son environnement.

Le mouvement des auberges de jeunesse apparaît en Allemagne au début du siècle, sous l’égide de l’instituteur Richard Schirrmann. Marc Sangnier fonde la première auberge française en 1930. Avec le Front populaire, celles-ci trouveront un essor majeur. En 1932, la Fédération internationale (International Youth Hostel Federation, ou IYHF), qui sera réorganisée sous le nom de Fédération internationale des auberges de jeunesse en 1946, apparaît. Elle sera suivie quelques années plus tard par une Fédération internationale de l’hôtellerie de plein air.

À partir de 1936, la création des congés payés, en France (troisième semaine, puis la cinquième en 1982) et en Belgique, a entraîné le développement massif du tourisme et notamment de l’hôtellerie. Le tourisme social prend naissance notamment à travers le développement de maisons familiales de vacances et des villages de vacances.

Afin de distinguer les établissements hôteliers, les institutions nationales mettent en place une classification par étoiles. L’invention revient à la France avec la loi du , qui sera abrogée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour trouver une nouvelle organisation par un arrêté en 1950.

Hôtellerie contemporaine

L’hôtellerie, orientée vers le tourisme, connaît son véritable décollage au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec notamment une diversification de l’offre — « apparthôtels, les hôtels-casinos, les hôtels de cure, les hôtels-clubs, les motels » — ainsi que de nouvelles localisations, une nouvelle concurrence des prix, l’émergence de l’hôtellerie de chaîne (d’abord aux États-Unis, puis en Europe et ensuite à travers le monde). Le tourisme social trouve aussi un nouvel essor avec notamment le développement des associations fédérant les maisons familiales et les différents types de villages vacances. En France, c’est sous l’égide de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT, créée en 1920) que se rassemblent les principaux acteurs de cette forme de tourisme entre les années 1950 et 1970, avec les centres sportifs (UCPA, Les Glénans…), les Foyers ruraux, et les villages de vacances ou maisons familiales (Cap France, Villages clubs du soleil, VVF Villages…). Depuis quelques années, l’hôtellerie connait une nouvelle forme de concurrence, avec le développement des locations entre particuliers, comme Airbnb.

Afin de développer des régions en crise ou attirer des devises étrangères, des pays comme la France l’Espagne et bientôt suivi par d’autres nations touristiques investissent dans l’aménagement de stations touristiques sur le littoral ou en montagne. L’exemple français peut ainsi illustrer ce développement où pour retenir les vacanciers de passage en France pour se rendre sur les côtes espagnoles, l’État français met en place, par décret en , la Mission interministérielle d’aménagement touristique présidée par Pierre Racine — communément appelée « Mission Racine » — touristifie 180 km de côtes languedociennes, avec la création de sept stations nouvelles balnéaires, et la programmation de la création de 400 000 lits (seulement 50 % seront réalisés). Quatre ans plus tard, une nouvelle mission est lancée pour la côte atlantique (180 km) avec la Mission interministérielle d’aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA). Enfin, un vaste aménagement est également envisagé pour le développement des Alpes avec la modernisation et la création de stations nouvelles de sports d’hiver (stations dites « intégrées » ou « stations de troisième génération »), appelé (Plan neige).

Au cours des décennies 1950 à 1970, le développement de l’hôtellerie connaît une transformation et cible désormais la clientèle d’affaires (businessmen, commerciaux, congressistes). La révolution du transport aérien (performances techniques, baisse du temps de transports et des coûts du voyage), vers la fin des années 1950 et durant la décennie suivante, a permis le développement de l’hôtellerie appelée d’« aéroport » et « à congrès » en lien avec le tourisme d’affaires international. Aux États-Unis, à partir des années 1960, la chaîne d’hôtels Holiday Inn (fondée en 1958) se développe dans les grandes villes, mais également le long des grands axes routiers, modernisant et popularisant le concept de motels, apparus dans les années 1920.

Au cours de cette période (décennies 1960-1970-1980), du fait de l’évolution de l’offre hôtelière apparaît une nouvelle segmentation. Au cours des périodes précédentes, l’hôtellerie connaît une distinction qui repose sur la qualité, puis la classification à l’aide d’étoiles, puis plus tard par la localisation (en ville, sur les grands axes, dans les stations balnéaires, thermales ou de montagnes). Désormais de nouveaux marchés apparaissent. Avec le développement des motels, bien qu’apparu avec les motels quarante ans plus tôt, les hôtels dits « économiques » se développent pour une clientèle de passage (voyageurs, commerciaux) ou pour les ménages à petits budgets. Des chaînes hôtelières se sont ensuite positionnées sur ce créneau au cours des décennies suivantes.

Dans les années 1980, apparaît le concept de « All-suite hotels », et ses dérivés, classés généralement dans les résidences de tourisme. Ce mode d’hébergement présente une nouvelle formule se trouvant entre l’hôtel classique, mais avec moins de services proposés, et les meublés de location et notamment la ou les chambres séparées. Il répond notamment à une demande du tourisme d’affaires. Ils trouvent, comme à Bruxelles, à proximité des quartiers d’affaires, en périphérie des métropoles. L’apparition de ce nouveau type d’hébergements a fait éclore des formules proches comme les « hôtels- appartements » ou « Appart hotel », mais également des hôtels proposant des formules « long-séjours » ou « extended stay » (« séjour prolongé »), et pour certains d’entre eux hors des saisons touristiques, les condotels ou encore des établissements où la chambre est en temps partagé ou time share.

Vers la fin des années 1980 et surtout dans la décennie suivante, de nouveaux concepts émergent avec les hôtels-boutiques (ou boutiques-hôtels), originaires des États-Unis (New York et San Francisco), les hôtels « design », les « hôtels de designers », les « hôtels designs » ou encore les « lifestyle hotels » que l’on retrouve dans les centres historiques ou les quartiers branchés des grandes villes.

Les consultants canadiens, Gilles Larivière et Jocelyn Jussaume, dans un article « Émergence des nouvelles formules en hôtellerie » paru dans la revue Téoros (2004), considère qu’ « aujourd’hui, en fait, la dénomination « hôtel » semble avoir de moins en moins sa place alors que la multiplication des concepts d’unités et d’établissements tend maintenant plutôt à favoriser l’utilisation du terme « établissement d’hébergement commercial » pour englober l’ensemble de tout ce qui est maintenant disponible ».

Avec l’évolution de la crise économique, à partir des années 1990, des hôtels sont réquisitionnés ou transformés en logements sociaux afin d’accueillir des familles en difficultés sans logement, en attente de régularisation ou apatrides, souvent à la charge de l’État, notamment en France.

Sourcce: Wikipedia