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Conditions de travail des saisonniers :

“Beaucoup d’efforts restent à faire”, pointe la CFDT

Pour faire face à la pénurie de main d’œuvre, les employeurs de la restauration et de l’hôtellerie ont accepté d’améliorer les conditions de travail des saisonniers. Mais selon Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée de la politique à destination des jeunes, “tous les employeurs ne jouent pas le jeu.”

“Les augmentations de salaires dans la branche sont significatives, même si elles ne sont pas à la hauteur de ce qu’on pourrait attendre au vu des contraintes”, a estimé samedi 2 juillet Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée de la politique à destination des jeunes. Le syndicat lance sa 24e campagne d’information à destination des saisonniers. Pour faire face à la pénurie de main d’œuvre, les employeurs de la restauration et de l’hôtellerie ont accepté d’améliorer les conditions de travail : augmentations de salaires de 16%, deux jours de repos consécutifs, des aides pour parvenir à se loger, notamment. Selon la syndicaliste, “beaucoup d’efforts” sont “à faire pour que soit appliqué ce qui est négocié dans les branches. Tous les employeurs ne jouent pas le jeu”, dit-elle. Il y a près de 70 000 emplois non pourvus actuellement.

franceinfo : Les renvendications des saisonniers semblent être entendues. Etes-vous satisfaite ?

Lydie Nicol : On ne peut que se réjouir à la CFDT que ça soit une opportunité pour repenser un certain nombre de contraintes liées notamment à l’activité dans la filière tourisme-hôtellerie-restauration. Ces travailleurs, pendant des années, ont dû subir à la fois une organisation du travail très compliquée et des niveaux de salaires qui rendaient peu attractifs ces métiers.

Ces avancées concernent-elles tous les saisonniers ?

Il y a à la fois les contrats saisonniers très spécifiques qui aujourd’hui sont concernés. Après, il y a beaucoup de contrats qui sont des CDD d’usage pour lesquels on a encore beaucoup d’efforts à faire pour que soit appliqué ce qui est négocié dans les branches, ce qui n’est pas le cas pour tous les employeurs. Tous ne jouent pas le jeu. C’est pour cela que pour la 24e année, l’ensemble des équipes CFDT sont sur le terrain pour informer tous ces travailleurs. Nous avons plus de 100 points d’action sur l’ensemble de la France et de nombreux lieux de proximité.

“Quand on est dans une petite entreprise, un petit commerce, ou que l’on démarre dans la vie active et que c’est souvent le premier emploi, on a besoin d’être renseigné.”

Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée de la politique à destination des jeunes

à franceinfo

On est au plus proche de ces travailleurs pour les renseigner. C’est vraiment l’idée de cette campagne. Ça fait 24 ans qu’on le fait. On est visible sur le terrain et notamment auprès des employeurs également, qui nous accueillent aussi dans les lieux où ces travailleurs sont concentrés.

Comment informez-vous les saisonniers sur place ?

C’est souvent nous qui allons à leur rencontre. On rentre dans les commerces, dans les restaurants, dans les hôtels et on va leur donner des informations, soit des outils, soit l’accès à des outils numériques comme “Mon appli, Ma saison” qui leur permet d’avoir le minimum d’informations pour être en sécurité. Parfois, les employeurs eux-mêmes apprécient que l’on puisse prendre ce temps avec eux pour en parler. Cela peut concerner les heures supplémentaires, ce que l’on doit avoir dans son contrat de travail, l’organisation du travail. Ce à quoi on a droit quand on est un travailleur saisonnier ou un étudiant en job d’été.

Quel regard portez-vous sur le respect du droit du travail chez les saisonniers ?

Il y a beaucoup de nouveaux saisonniers puisqu’à la sortie de la crise sanitaire, un certain nombre de ces travailleurs dans ces secteurs, notamment du tourisme, de l’hôtellerie et la restauration, se sont tournés vers d’autres métiers. On a beaucoup de nouveaux travailleurs qui ont peu connaissance du secteur dans lesquels ils travaillent et de leurs droits. Il y a eu des efforts. On voit bien que ça a été une opportunité aussi pour travailler l’organisation du travail. Il y a quelques années, quand il avait un jour de repos sur 13 jours d’activité, c’était déjà a minima le respect du droit. Donc, oui, il y a eu des efforts.

“Les augmentations de salaires dans la branche sont significatives, même si elles ne sont pas à la hauteur de ce qu’on pourrait attendre au vu des contraintes.”

Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée de la politique à destination des jeunes

à franceinfo

La méconnaissance du droit peut-elle venir des employeurs ?

Il y a souvent des conflits qui sont liés dans les petites entreprises à une méconnaissance réciproque du droit du travail qui est assez compliqué quand même en France. La CFDT a développé une expertise auprès de ses travailleurs saisonniers depuis un certain nombre d’années. Ce sont des travailleurs isolés donc pas dans un collectif. On n’est pas dans une entreprise ou une administration où on peut faire appel à des représentants du personnel. C’est à nous d’aller à leur rencontre.