Savez vous en quelle année les pouvoirs publics ont interdit l’alcool à la cantine aux moins de 14 ans ?
Il y a 60 ans, les pouvoirs publics interdisaient à la cantine les boissons alcoolisées aux moins de 14 ans. Deux ans plus tôt, le gouvernement Mendès France s’était attelé au problème.
« Ah le petit vin blanc qu’on boit… à la marelle… » Si on connaît mieux la version de cette chanson qui célèbre les guinguettes des bords de Marne, il n’est pas impossible que celle-ci ait été entonnée dans nos écoles avant 1956.
Ce n’est en effet qu’en août de cette année qu’est adoptée par le ministère de l’Education nationale une circulaire interdisant de servir toute boisson alcoolisée dans les écoles aux enfants de moins de 14 ans ! Les plus âgés — avec l’accord de leurs parents — pourront continuer à siroter à la cantine « des boissons ne titrant pas plus de trois degrés d’alcool ». Typiquement « pas plus d’un huitième de litre » de vin coupé d’eau par élève, précise encore le texte.
Un demi-litre de vin dans la besace
Cette décision est loin d’aller de soi à une époque où la consommation d’alcool en France est au plus haut, et où elle est encore largement répandue chez les petits. Dans un rapport de mars 1956, le comité consultatif national d’hygiène scolaire et universitaire estime que « l’expérience de Montgeron (Essonne) », où l’interdiction de l’alcool a été testée dans un internat, bien que « très spectaculaire et probante », « ne saurait dans les conditions présentes être étendue à toute la France ». Ce test ne représente qu’un « but vers lequel il faut tendre ». Le même rapport justifie enfin cette grande prudence par « la psychologie particulière qui existe dans certaines régions viticoles ».
Une résistance bien réelle et résumée à l’époque par le docteur Suzanne Serin, dont le témoignage a été récemment exhumé des archives de l’ORTF par France Info. « Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l’enfant la boisson de leur choix. Souvent un demi-litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région. J’ai eu vent récemment, dans la région parisienne, d’un petit drame : les parents insistant pour que la boisson soit donnée aux enfants, le directeur s’y refusant… Les parents ont décidé que les enfants boiraient leur vin avant d’aller à l’école. Les enfants arrivent à l’école rouges, suants et dorment à moitié toute la matinée », s’alarme le médecin.
Apprendre en titubant ? Pas vraiment idéal, s’inquiètent les pouvoirs publics. Le gouvernement a véritablement commencé à lutter deux ans plus tôt contre ces habitudes persistantes. En novembre 1954, Pierre Mendès France, alors chef du gouvernement, crée le Haut Comité d’étude et d’information sur l’alcoolisme. Mais c’est surtout « le verre de lait de Mendès France » qui a marqué la mémoire collective. Pour « être studieux, forts et vigoureux, buvez du lait ! » clame alors le président du Conseil. Il décrète la distribution d’un verre de lait et d’un morceau de sucre à l’heure de la récréation dans toutes les écoles. Objectif : lutter contre la dénutrition et l’alcoolisme des enfants.
« Il a été pourtant accusé par ses détracteurs d’électoralisme. Beaucoup ont vu dans cette mesure un cadeau fait aux producteurs de lait, car Mendès était élu en Normandie (NDLR : dans l’Eure)…», rappelle Bernard Craplet, docteur délégué à l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie.
Même si l’alcool continue à faire des ravages chez les jeunes (« binge drinking », mortalité routière…), les efforts de PMF ont quand même payé : d’après une étude de FranceAgrimer parue à l’automne, un peu plus de 30 % des 15 à 19 ans sont des consommateurs réguliers de vin, alors qu’en 1980 ils étaient 60 %.
Interdit dans les lycées en… 1981
Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est qu’en septembre 1981, peu après l’élection de François Mitterrand, que les boissons alcoolisées ont été définitivement bannies des lycées. Selon les termes de la circulaire du 3 septembre, « l’eau est la seule boisson hygiénique recommandable à table ». « Dans les cantines et les restaurants scolaires, il n’est servi aucune boisson alcoolisée, même coupée d’eau », tient à préciser le ministre de l’Education nationale de l’époque, Alain Savary, en réponse à une question du député d’opposition Antoine Gissinger sur sa politique de lutte contre l’alcoolisme chez les jeunes. Ce texte vient donc parachever la circulaire de 1956, qui n’interdisait de servir de l’alcool dans un établissement scolaire qu’aux moins de 14 ans.
Source; Le Parisien
Petit rappel: Les mineurs
La loi entend protéger les mineurs de l’incitation à la consommation d’alcool. Outre les mesures de restrictions de la publicité destinées à les protéger, la loi prévoit plusieurs mesures destinées à limiter la possibilité pour les mineurs d‘accéder à l’alcool.
Ainsi, il est interdit de vendre ou d’offrir à titre gratuit dans les lieux publics de l’alcool à des mineurs de moins de 18 ans.
Il est également interdit de recevoir dans les débits de boissons alcooliques des mineurs de moins de seize ans qui ne sont pas accompagnés de l’un de leurs parents ou d’un majeur responsable.
Le non-respect de ces interdictions est pénalement sanctionné.
La loi interdit également de faire boire jusqu’à l’ivresse un mineur. S’il s’agit d’un parent, il peut se voir retirer l’autorité parentale ou être obligé de suivre un stage de responsabilité parentale (article L3353-4 du code de la santé publique).