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1000 euros offerts, semaine de 4 jours…

Les restaurateurs se démènent face à la pénurie de main d’œuvre.

Alors que la saison estivale va bientôt débuter, le secteur de la restauration manquerait toujours de 200.000 saisonniers. Certains patrons tentent de proposer de meilleures conditions de travail, mais ça reste marginal.

Si vous connaissez un chef cuisinier capable de faire des pizzas vous pouvez gagner 1000 euros. C’est la somme en cash que propose Boris Leclercq, le patron du restaurant italien Bambino Rocco à Montpellier, à quiconque viendra lui conseiller un cuisinier ou se présenter de lui-même pour travailler dans son établissement.

C’est qu’explique dans une vidéo sur Instagram ce restaurateur qui s’occupe de quatre restaurants et qui se retrouve sans chef alors que la saison touristique s’apprête à décoller dans la préfecture de l’Hérault.

“Vous êtes nombreux à vouloir manger chez nous mais malheureusement on n’est pas assez pour pouvoir vous régaler comme on aimerait, explique le Montpelliérain dans sa vidéo. La personne qui me recommande un chef de cuisine […] je lui offre 20 gros billets de 50 euros.”

Pour toucher les 1000 euros, il faudra que la personne embauchée fasse l’affaire et ait effectué sa période d’essai.

Attirer des salariés ou les conserver est un casse-tête pour un nombre croissant de restaurateurs depuis la sortie de la crise sanitaire. Si la branche a bien consenti à des augmentations de salaires, ces dernières ne sont pas générales et concernent essentiellement les personnes payées au minima de leur échelon sur la grille conventionnelle. Le métier peine toujours à attirer, notamment les jeunes.

Selon l’Umih et le GNI, les syndicats représentatifs, il y aurait entre 200.000 et 300.000 postes de saisonniers qui seraient à pourvoir dans l’hôtellerie-restauration et qui ne trouvent pas preneurs. Certains restaurants sont obligés de réduire le nombre de services. Quand ils ne sont pas contraints à la fermeture.

Des restaurants qui ferment

C’est le cas dans le département de la Somme, constate France Bleu Picardie.

“La pleine saison a débuté ce week-end de l’ascension et certains professionnels de la Somme doivent déjà fermer certains jours faute de personnel, témoigne Laurence Flamand qui est secrétaire de l’Umih dans le département des Hauts-de-France. Sur le Crotoy aujourd’hui, il manque 30 saisonniers, ça ne s’était pas vu encore, en tout cas pas à ce point-là.”

Au-delà de la rémunération, ce sont les conditions de travail qui découragent les éventuels candidats. Le travail le soir tard, durant les week-ends et les vacances… Des contraintes qui rebuteraient les jeunes selon les employeurs du secteur.

Pour répondre à leurs attentes et rendre son entreprise attractive, le chef étoilé lillois Florant Ladeyn propose désormais la semaine de quatre jours à ses salariés.

A la tête de quatre établissements autour de Lille, cet ancien candidat de Top chef emploie 65 personnes, contre une cinquantaine en sortie de confinement et vise la centaine cet automne, avec une vingtaine de recrutements en cours.

En juin 2020, convaincu par une amie danoise spécialiste du bonheur au travail, il a franchi le pas en offrant, pour le même salaire, un troisième jour de repos hebdomadaire à son personnel en plus du dimanche et lundi, jours de fermeture. Ce jour est accordé par roulement: s’il tombe un mardi, la semaine suivante c’est le mercredi et ainsi de suite.

1900 euros net pour 39 heures par semaine

“Mes serveurs sont des vendeurs. Aujourd’hui, ils sont heureux au boulot, heureux chez eux et vendent plus qu’un mec fatigué”, explique à l’AFP ce patron de 37 ans.”

Ces jeunes cuisiniers sont ainsi payés 1900 euros net par mois pour 39 heures de travail par semaine contre bien davantage dans certains autres établissements pour un salaire équivalent.

Une démarche qui reste cependant rare et qui n’est peut-être pas transposable à tous les établissements. Selon Bernard Boutboul, dirigeant du cabinet de conseil Gira, “environ 2% seulement des 200.000 restaurants de France” étudieraient cette option de la semaine de quatre jours.

En cuisine, “on peut répartir le travail sur quatre jours avec des schémas de rotation. Mais la salle reste conditionnée à la présence des clients et on continuera à travailler sur cinq jours, explique à l’AFP Alain Raluy, expert social du cabinet spécialisé In Extenso. On condamnerait à mort une entreprise ouverte seulement quatre jours. Certains 3 étoiles Michelin mis à part.”

A moins d’embaucher une nouvelle équipe, ce qui pèserait sur la rentabilité de l’établissement. Le chef nordiste songe pourtant à le faire en augmentant ses plages d’ouverture. Ses restaurants resteraient ouverts sept jours sur sept grâce à trois équipes de salariés qui travailleraient quatre jours chacun.

Source: BFMTV