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Les grands noms de la gastronomie Française: Eugénie Brazier

Eugénie Brazier, surnommée la mère Brazier, née le à La Tranclière (Ain) et morte le à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), est une chef cuisinière française. Fondatrice du restaurant Mère Brazier, c’est une des « mères » emblématiques des bouchons lyonnais.

Première promotion de chef à obtenir trois étoiles au guide Michelin en 1933 (deux fois trois étoiles pour ses deux restaurants de Lyon et du col de la Luère, à Pollionnay) de 1933 à 1968. Cela fait d’elle la première femme à obtenir trois étoiles au Michelin en même temps que Marie Bourgeois, suivie par Marguerite Bise en 1951 et Anne-Sophie Pic en 2007.

Elle est aussi le premier chef à obtenir deux fois trois étoiles, suivie par Alain Ducasse en 1997, Marc Veyrat en 2001, Thomas Keller en 2006, Joël Robuchon en 2012 et Yannick Alléno en 2007 et 2017.

Biographie

Eugénie Brazier est une femme d’origine populaire, née le à La Tranclière, à six kilomètres au sud de Bourg-en-Bresse, dans une famille de paysans bressans, originaires de Dompierre-sur-Veyle. À la mort de sa mère, à 10 ans, elle est placée dans des fermes de la région où elle garde les vaches et les cochons. Elle y apprend les bases de la cuisine de la Bresse.

À 19 ans, elle tombe enceinte d’un certain Pierre, homme marié habitant Dompierre-sur-Veyle. Elle se fait mettre à la porte par son père. Laissant son fils, Gaston, en nourrice à Dompierre, elle monte à Lyon.

Apprentissage

Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, beaucoup de restaurants de Lyon étaient tenus par des femmes, surnommées « les mères ».

Employée dans une famille bourgeoise (chez les Milliat, fabricants de pâtes et clients de la mère Fillioux), comme nourrice (donnant le lait), elle devient chargée de la cuisine lorsque la cuisinière attitrée tombe malade. En 1915, âgée de 20 ans, elle s’en fait une vocation et partie de rien, se fait embaucher à la fin de la Première Guerre mondiale chez la mère Fillioux (73, rue Duquesne, à Lyon) où elle fait son apprentissage. Puis elle fait un passage à la Brasserie du Dragon, de Lyon, où elle se fait une solide réputation.

Restaurant Mère Brazier à Lyon

Le restaurant à Lyon.

Le , Eugénie crée, avec 12 000 francs de capital, son restaurant, un bouchon lyonnais typique. Situé au numéro 12 de la rue Royale, dans le 1er arrondissement de Lyon, tout proche des quais du Rhône, il est nommé le Mère Brazier. Ses débuts en cuisine sont difficiles mais, grâce au bouche-à-oreille et aux éloges du grand critique gastronomique Curnonsky et du Club des Cent, sa table devient vite la plus courue de Lyon.

À partir de 1928, elle prend du repos dans un chalet sans gaz ni électricité, au col de la Luère, à dix-sept kilomètres à l’ouest de Lyon, où ses clients (d’abord des amis d’un constructeur de voitures de courses, dont le chauffeur de maître n’est autre que son amoureux, ces personnes possédant toutes une voiture à l’époque) la pressent d’ouvrir un second restaurant, ce qu’elle fait en 1929. Il devient l’annexe de son restaurant lyonnais les week-ends et au retour des beaux jours. En 1941, elle fait raser le bungalow pour construire un restaurant en pierre.

En 1932, le guide Michelin attribue deux étoiles à chacun de ses deux restaurants, au col de la Luère et au 12, rue Royale de Lyon.

Deux fois trois étoiles au guide Michelin et emblème de Lyon

En 1933, Eugénie Brazier fait partie de la première promotion de grand chef cuisinier dont les restaurants obtiennent 3 étoiles au guide Michelin, en même temps que Fernand Point et Marie Bourgeois. Par la même occasion, les deux restaurants de Lyon et du col de la Luère étant notés trois étoiles chacun, elle devient ainsi la première, femmes et hommes confondus, à réaliser cet exploit. Il faudra attendre Alain Ducasse en 1997 pour que celui-ci soit réédité. Marc Veyrat, Thomas Keller et Joël Robuchon suivront en 2001, 2006 et 2012, puis Yannick Alléno en 2007 et 2017.

Elle devient vite l’emblème de Lyon et de la cuisine lyonnaise au niveau international. Édouard Herriot, maire de Lyon (président du Conseil, député, sénateur, ministre) dit d’elle : « Elle fait plus que moi pour la renommée de la ville. »

En 1943, à la suite de querelles avec son fils Gaston Brazier, ce dernier prend la direction du restaurant de Lyon alors qu’Eugénie poursuit au col de la Luère.

En 1946, Paul Bocuse, alors âgé de 20 ans, de retour à Lyon en héros démobilisé de la Seconde Guerre mondiale, poursuit son apprentissage chez Eugénie Brazier au col de la Luère à Pollionnay où, en plus de faire la cuisine, il entretient le jardin potager, trait les vaches, fait la lessive et le repassage.

Source: Wikipédia